À la rencontre des femmes gendarmes d'exception

Kelly, pilote d'hélicoptère de la Section Aérienne à Villacoublay
Elles s'appellent Kelly, Elena ou encore "Milka" et ont en commun d'exercer une spécialité encore quasi-exclusivement masculine au sein de la Gendarmerie nationale. Respectivement pilote d'hélicoptère, tireur d'élite et plongeuse au sein de la Force Observation Recherche (FOR) du GIGN, elles sont les premières femmes ou presque à occuper ses postes, ordinairement occupés par des hommes.

Alors que la Gendarmerie leur a ouvert ses portes en 1983, uniquement dans les corps des Officiers de Gendarmerie et Sous-Officiers de Gendarmerie en premier lieu, aujourd'hui, la Gendarmerie nationale se féminise dans tous les corps de métiers avec l'arrivée constante de femmes motivées et tenaces. En 2020, on dénombrait ainsi 22 000 femmes gendarmes, soit une part de 20,1 % dans l'effectif total de la Gendarmerie nationale.

Portrait de 3 d'entre elles :
 

Kelly, pilote d'hélicoptère de la Section Aérienne à Villacoublay

Elena, tireur d'élite au Peloton de surveillance et d intervention 
Fille de parents tous deux issus de l'Armée de l'Air, Kelly grandit entre les avions, les déménagements et le football, sa grande passion, qui la mène à être sélectionnée en équipe de France des moins de 17 et des moins de 18 ans. En 2009, son bac scientifique en poche, celle qui se rêve pilote d'hélicoptère s'engage contre toute attente dans l'armée de Terre. " Je cherchais de l’action, je voulais être sur le terrain ", explique-t-elle.

Elle passe alors les tests pour devenir pilote d’hélicoptère de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) et fait ses classes à l’école des officiers de Saint-Cyr Coëtquidan, avant de rejoindre l’école de l’ALAT de Dax, pour suivre sa formation théorique et pratique.

Affectée au premier Régiment d’Hélicoptère de Combat, à Phalsbourg, en Moselle, elle part en Opérations extérieures (Opex) au Mali, en 2015 au centre opérationnel, puis en 2017, comme pilote cette fois. 
C'est avec l'envie de " se sentir plus utile au quotidien " que Kelly décide alors d'intégrer la Gendarmerie nationale. Elle obtient le concours de sous-officier en mars 2018 et intègre l’école de Tulle.

Désormais, Kelly s'épanouit à la Section Aérienne de Gendarmerie (SAG) de Villacoublay où elle est la seule femme pilote d'hélicoptère. " On ne sait jamais ce qui nous attend en arrivant le matin. On peut partir à tout instant, pour une recherche de malfaiteurs, une personne disparue, une projection avec le RAID ou le GIGN. Il n’y a aucune routine. Je suis la seule pilote à bord, en binôme avec le mécanicien. Je dois gérer la mission, c’est très valorisant.

 

Elena, tireur d'élite au Peloton de surveillance et d’intervention 

Elena a intégré la Gendarmerie nationale en tant que Gendarme adjoint volontaire (GAV) au sein de la Gendarmerie des transports aériens (GTA) où elle découvre les interventions du Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie des transports aériens (PSIGTA) qui la " fascine ".
 
Elle passe alors le concours de Sous-officier de gendarmerie (SOG) et intègre l’école de Chaumont en 2012 dans le bu d'intégrer une gendarmerie départementale. Elle rejoint alors la brigade de Saint-Mamert-du-Gard où elle intervient sur de nombreuses interventions, puis, après la naissance de son premier enfant, intègre la communauté de brigades d’Écouan avec toujours pour objectif d'intégrer la filière intervention. 

Elle rejoint ensuite son mari à la GTA et découvre, alors qu'elle est enceinte de son deuxième enfant, le métier de Tireur d’élite gendarmerie (TEG) pour lequel elle a un coup de foudre.
« J’étais consciente que c’était un métier difficile. Il ne suffit pas de simplement se poser sur un toit avec une arme. Il y a de nombreux paramètres à prendre en compte : la distance, le vent… Il faut savoir faire les contre-visées avec son arme, qui doit être préalablement bien réglée. C’est beaucoup de maths, du moins du calcul mental, ce qui n’est pas trop mon domaine de prédilection. »

En 2020, elle décide de passer les tests pour intégrer le corps des tireurs d'élite qu'elle réussit et intègre la formation initiale TEG organisée par la GTA. Deux semaines intensives qui lui permettent d'acquérir la qualification de Tireur d'élite.
Tireur d’élite, c’est un rêve qui devient réalité. J’en suis fière. C’est un métier passionnant. Il nécessite de la patience, de l’endurance et de la rusticité, parce que les missions se passent en extérieur, par tous les temps et souvent dans la durée. Comme je l’ai déjà dit, ce n’est pas juste être posé là à attendre. Nous sommes en surveillance active pour protéger les autorités d’une potentielle menace. "

Aujourd'hui affectée au PSIG de Roissy, Élena voit sa réussite comme une porte ouverte pour ses camarades féminines : " Je me suis donné les moyens, tant physiquement qu’intellectuellement. Dès lors qu’on est déterminé, on peut y arriver, j’en suis la preuve ! "

 

" Milka ", plongeuse à la Force Observation Recherche (FOR) du GIGN

C'est après une première expérience en Gendarmerie nationale en Aquitaine où elle prend goût aux enquêtes en immersion que " Milka " rejoint une brigade nautique dans la même région. Elle effectue alors de nombreuses plongées opérationnelles, en eaux intérieures et en mer, " pour la recherche de tout élément, qu’il s’agisse de cadavres ou de véhicules volés. Des plongées longues, souvent en eaux troubles, avec des courants forts. Il faut être méticuleux pour faire tous les relevés avant de sortir le corps ou la voiture de l’eau, car il y a un risque d’oxydation à l’air libre avec le changement de température, et donc potentiellement une perte de preuve. À l’époque, je manquais un peu de confiance en moi. Ces plongées exigeantes physiquement et difficiles techniquement m’ont permis de croire davantage en mes possibilités. Ça forge le caractère et le mental. "

Son goût pour les missions en immersion et la plongée d'enquête la pousse comme une sorte d'évidence vers le GIGN. " Milka " passe alors les tests de sélection en 2015 et les réussit avec succès. Elle intègre ensuite la Force Observation Recherche (FOR), la composante d’acquisition du renseignement d’ordre judiciaire ou administratif du GIGN. 
Fin 2017, elle devient la première femme à réussir le stage de plongée en circuit respiratoire fermé, à l’école de plongée de la Marine nationale de Saint-Mandrier, une technique qui permet d'éviter les bulles repérables en surface. 

Aujourd’hui, "Mika " est l’une des trois gendarmes opérationnelles de la FOR et encourage toutes celles qui souhaiteraient les rejoindre à faire de même. " C’est difficile de recruter des filles et on en a besoin ! La sélection est dure, mais avec de la détermination et un entraînement cohérent, on peut tout à fait y arriver. Après, tout est affaire de résilience et de résistance à l'effort afin d'éviter la blessure. Il faut rester concentré sur les raisons qui vous ont poussé à vous présenter et oublier tout le reste. Il ne faut pas toujours écouter sa petite voix intérieure, car c’est souvent la peur qui s’exprime. J’aime beaucoup cette phrase : “Si tu doutes de tes pouvoirs, tu donnes des pouvoirs à tes doutes. "


© Dimitri Rouchon-Borie / GND F.GARCIA / GTA / Sirpa Gend - MAJ. F. Balsamo
femmes dans la gendarmerie